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6 juin 2008

Traîté d'hydrogrammatologie


Ecrit par Scythe

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Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Je vous remercie d'avoir répondu présent à cette conférence. Je sais que beaucoup d'entre vous sont venus ici par pure complaisance et je les en remercie aussi, mais pas trop quand même.
Cette présentation est l'aboutissement de plusieurs années de recherche sur une discipline qui ne gagne qu'à être connue, appréciée, étudiée, vécue. Vous pouvez même risquer votre vie au nom de cette discipline si ça vous chante, mais je nierai toute responsabilité dans cette affaire.
J'ai nommé l'hydrogrammatologie.

Les prémisses de l'hydrogrammatologie remontent à plusieurs centaines d'années, lorsque la mode était aux corsaires, jambes-de-bois et autres flibustiers à longue-vue. A l'époque, tous les enfants voulaient être pirates ; aujourd'hui, ils veulent tous danser la *tecktonik
- triste décadence.
En ces temps reculés donc, il n'était pas rare de voir flotter des bouteilles dans l'eau. Souvent vides d'ailleurs, les mercenaires des sept mers n'ayant pas trouvé comme meilleure occupation sur leur bateau que de boire jusqu'à plus soif. Faut dire qu'on se fait chier sur un bateau, ça tangue, au début c'est rigolo mais ça va 5 minutes. On tape la causette au perroquet du cap'tain mais on se rend vite compte qu'avec les 2/3 mots qu'il a appris de son proprio, il n'est pas le philosophe qu'on recherchait. Alors pour compenser, on écrit ses pensées et son désarroi sur un morceau de papier ramené de Chine. L'Homme ayant toujours été d'un égocentrisme certain, il fallait qu'il soit écouté. Il introduisait alors sa missive dans une bouteille de rhum et la jetait par-dessus bord.

C'est là que le bât blesse. Victime du succès de la bouteille sus-nommée, on oublie parfois l'essentiel : le bouchon.

Et c'est ainsi qu'on ne sut jamais ce que ce con voulait dire.
De là est née l'hydrogrammatologie. Ou la science de l'écriture mouillée, trempée, imbibée, dans l'eau quoi. Par extension, on étudiera également le langage mouillé dans sa globalité.

Dans un premier temps, on chercha à décrypter le contenu de ce qui ne paraissait être que des gribouillis. Alors bien sûr, les résultats ont rapidement fait leur apparition - mais on n'a jamais vraiment su ce que les lettres H.E.L.P ou encore S.O.S décodées à de multiples reprises, signifiaient. Devant cette incompréhension générale, d'éminents spécialistes décidèrent d'attribuer un sens à ces mots, pour en faciliter la lecture.
C'est ainsi qu'on décida arbitrairement que HELP signifierait "Le perroquet est mort." et SOS, "J'ai fait caca dans l'eau." - un grand pas pour la Science puisqu'on mit aussitôt le perroquet sur la liste des espèces protégées et qu'on connaissait maintenant la cause de la pollution maritime. Ouf, on a évité une catastrophe.

Forte de ces résultats plus que concluants, la discipline amorça une évolution prometteuse ces dernières années.
Un membre particulièrement connu dans le milieu fit cette remarque : "Et si au lieu de laisser l'eau altérer un texte écrit sur terre, on écrivait directement sous l'eau ? Nous découvrerions peut-être un phénomène d'une importance capitale!"
Bon, je ne vais pas vous mentir - c'était vraiment une idée à la con : on ne pouvait strictement rien lire (1).

Phénomène suffisamment curieux pour être signalé tout de même : aucun des textes écrits en immersion complète ne dépassait les 3 lignes.
Et plus remarquable encore, tous les sujets volontaires (ou pas) commençaient après environ 2 minutes d'apnée à agiter les bras de manière assez confuse en marmonnant un "Blblblbloubloublbl" dont la prononciation m'échappe encore. Mes confrères et moi hésitons toujours à le traduire par "Oh non, j'ai laissé ma poêle sur le feu!" ou par "Au secours, je ne peux plus respirer!". Cependant, nous ne connaitrons jamais la vérité, aucun n'ayant survécu - mais qu'importe, ce n'est qu'au prix de quelques sacrifices que la science avancera.

Et si aujourd'hui, il n'est toujours pas possible d'apporter une réponse à la question "Qui est le plus fort de l'hippopotame ou de l'éléphant ?", nous pouvons sans crainte affirmer que l'hippopotame s'en sortirait beaucoup mieux que l'éléphant pour lire des choses sous l'eau.

Voilà où en est donc l'hydrogrammatologie. Il ne fait aucun doute que cette discipline possède un bel avenir devant elle, à condition que nous trouvions les fonds nécessaires aux recherches. Alors envoyez des sous, on traite peut-être pas le cancer, mais on s'amuse bien.


(1) Les archives ne disent pas si le mec a continué à exercer après une telle humiliation. En même temps, on s'en fout.

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