Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cacopédia
Publicité
Cacopédia
Derniers commentaires
Archives
16 juin 2008

Les pré-présocratiques

Ecrit par Anankè

--

Nul doute que la philosophie existe depuis l'homme des cavernes. De tous temps, les hommes ont cherché à comprendre le monde qui les entoure pour mieux saisir le sens de la vie. Dans le sein des cavernes, ils ont recherché la pierre cachée dans l'ombre de la terre, qui leur dévoilerait la lumière intérieure de la connaissance. Sans relâche, hardiment, ils se sont mis en quête de la vérité par laquelle le monde leur serait enfin expliqué.

Naturellement, le temps détruisant ce que l'homme édifie, il est malaisé de retrouver ces premiers pas de l'homme sur le chemin de la sagesse. Il semblerait cependant que le premier philosophe dont nous ayons connaissance ait vécu à l'Âge de Pierre : un dénommé "Glllrr" ("Pierre" en français moderne) aurait gravé dans la pierre un message dont le sens serait à peu près "Le fleuve coule." Ces paroles, d'une grande profondeur philosophique, auraient notamment influencé Héraclite dans sa réflexion sur l'être et le passage.

Toutefois, retrouver le sens originel de tels propos présente une difficulté particulière en un temps où le logos (discours raisonné) n'était pas encore clairement distinct du muthos (mythe.) Ainsi lorsque "Sfffrr" ("Silex") écrivit "Le feu éclaire", il fallut des siècles et des siècles avant de conclure qu'il ne s'agissait pas proprement d'un propos philosophique, mais d'une réflexion mystique dont Plotin s'inspira assurément pour fonder le mysticisme platonicien.

Il est ainsi heureux de constater que ces premiers balbutiements de la philosophie furent perpétués au point de se retrouver dans les textes des socratiques : ainsi, au livre VII de *La République*, Platon décrit avec bonheur les pré-pré-socratiques qui sortirent de leur caverne pour découvrir la lumière du soleil et furent de ce fait les premiers initiés de la philosophie. Il rappelle ainsi combien précaires furent ces débuts, car lorsqu'ils redescendirent dans la caverne, appelés à table car le mammouth était cuit, il n'eurent pour réaction que ce propos : "tais-toi et mange".

Au nom de la vérité et de la connaissance, le combat de la philosophie contre l'obscurantisme avait débuté et ne cessa plus désormais, comme en témoignent ces paroles inchangées encore aujourd'hui : "ce n'est qu'un début, continuons le combat." La philosophie avait désormais de beaux et longs jours devant elle.

Il me faut maintenant vous rappeler un cours que je reçus il y a quelques années, un cours sur Hegel et sa dialectique maître/esclave. Il va sans dire que j'accorde à cette présentation de la pensée hégelienne un absolu crédit.

Ainsi, l'homme, en tant qu'homme, est né à l'âge des cavernes, dans l'inter-subjectivité de la lutte anthropogène. L'inter-subjectivité, c'est quand on est plusieurs, et l'anthropogène, c'est quand ça devient humain. Donc.

Glllrr et Sfffrr se rencontrent sur un chemin à flanc de falaise : l'étroitesse du chemin implique que l'un des deux se jette dans le vide pour laisser passer l'autre. C'est une affaire de vie ou de mort : l'un et l'autre sont armés de gourdins, et n'hésiteront pas à en faire usage. Se toisant mutuellement (car tout passe par ce regard mutuel), ils sont engagés dans une lutte à mort. L'un deux refuse que sa vie dépende de l'autre, et la joue en faveur de sa liberté : c'est un défi où chacun se dit prêt à mourir. Si l'autre renonce à la lutte, il reste dans la logique de la vie (manger le mammouth, niquer la femme des cavernes, dormir dans les grottes) et abandonne sa liberté : il devient l'esclave de l'autre, et après (bien après) ça donne l'URSS et mai 68.

Aussi, plus encore que d'être l'Âge qui vit les premiers philosophes naître le jour, l'Âge de Pierre est celui où l'homme, après être descendu de l'arbre, se distingue du s... anthropoïde pour devenir Homme et se demander si c'est le dinosaure qui fait l'oeuf ou l'oeuf qui fait le dinosaure. Même si ça n'existait déjà plus.

Car tel est l'apanage de la glorieuse philosophie, Reine des Sciences, qui peut avoir pour objet de pensée cela même qui n'existe pas.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité