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21 août 2008

αβγό βρασ

Ecrit par Exmakhina

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Vous aurez déjà été fasciné, sans doute, par l'incroyable ergonomie de l'œuf de poule, beige conclusion de l'union d'un ovule et d'un gamète mâle, après qu'un coq gracieux a volé dans les plumes de l'une de ses compagnes ; ne me blâmez pas de vous apprendre la vie, je sais pertinemment que parmi vous se cachent quelques parisiens (1). De forme ovoïde, la plupart du temps, cette bizarre merveille de la nature n'est pas un objet, mais ne va pas non plus jusqu'à ne pas en être un. Aussi, s'il est lisse et dépourvu de résidus plumifères et cacateux, votre œuf aura tendance à orner vos plus beaux coquetiers, et rentrera facilement dans une poche de jean, une vessie, une lanterne.

Nous l'avons déjà dit, mais tout de même : l'œuf est décidément très ergonomique ; non content de s'accorder parfaitement à l'extrémité digestive de notre emplumée amie, lui épargnant de nombreuses souffrances à chaque ponte (excepté lors du traditionnel dépucelage zygote) en étant éjecté avec un "pop !" du plus bel effet, il accueille la mouillette. Il y a là une chose très étonnante ; par le plus grand des hasards, la mouillette est elle aussi, très ergonomique ! Saperlotte, que Dieu me tripote ! La nature fait bien les choses, et ce ne sont pas les collectionneurs de cailloux qui me contrediront. Il semblerait donc qu'il existe une secrète connivence entre l'œuf et la mouillette, l'un étant consubstantiel à l'autre, et de par le fait, l'autre étant consubstantiel à l'un. A l’image de Roméo et Juliette, Rox et Rouky, Butor plomberie & Fils, Bataille et Fontaine, tout leur amour est concentré dans cette délicate conjonction de coordination : et.

Forts de cette observation, de multiples interrogations se bousculent dans votre tête, lecteur. Nous savons tous qui, de l'œuf et de la poule fut le premier. Mais qu'en est-il de l'œuf et de la mouillette ? En effet, il est difficile de savoir si le profil mince et allongé de la mouillette a été conçu par la nature dans le but de tournoyer avec grâce et volupté dans le sanctuaire des sanctuaires amniotiques, ou si, à l'inverse, l'œuf est devenu ovoïde dans le but de faciliter la tâche de la mouillette, et de s'assurer une prompte promotion culinaire.
Aussi, à l'origine, l'œuf était peut-être carré (« Œuf carré ! » aurait alors clamé Archimède dans sa baignoire), avec un goût répugnant. Il fallait bien qu'il s'adapte, s'il voulait finir en omelette et tenir en équilibre sur la table de Christophe Colomb. A l'inverse, la mouillette, sans l'œuf, se serait peut-être complue dans une vague forme de théière ou de kit à raclette, ce qui, avouons-le, aurait été moins majestueux.

Des petits fifrelins mal intentionnés spéculeront qu’après tout, peu importe qui fut le premier, l'important est qu'il y a là un ferme symbole phallique. Certes, nous avons une cavité et un objet allongé, nous pouvons expliquer le blanc, mais le jaune nous reste sur les bras, personne n'aime avoir du jaune sur les bras et tout ceci est vraiment dégoûtant. Il faut donc s'orienter vers une autre piste.

(Notons tout de même, au passage, le regard lubrique de l'œuf à la coque).

L'âge de l'univers est fini, et il faut bien que, de l'œuf à la coque ou de la mouillette, l'un ait été avant l'autre. Parce qu'ils avaient été en même temps, ça aurait fait tout de suite des choses sales, et même dans les films sales le plombier prend le temps de dire bonjour à la ménagère.

Selon l'hypothèse créationniste, la mouillette aurait été première, nécessitant l'œuf à la coque pour subsister dans un environnement hostile et faire démarrer sur les chapeaux de roues (2) les affaires des éleveurs d'œufs dans le Gers. Selon l'hypothèse darwinesque, l'œuf aurait été premier, nécessitant la mouillette pour explorer son moi intérieur et assurer le succès des tests de personnalités Biba et les honoraires des grands psychiatres new-yorkais sur plusieurs générations. Are you mou, yet ?

Non décidément, le concept du psychiatre new-yorkais me trouble, mon propre moi intérieur se réveille rien qu'à l'idée, mes vieux démons ressurgissent à l'instant, non, pas l'épouvantail bègue sous le lit ! Je ne m'en sors plus et je propose de changer de sujet, avant que tout cela finisse en jeu de mots. Vous pouvez débattre, voici l'ordre du jour: qui fut le premier, le mégaphone ou la manifestation ?

(1) Qu'ils se dénoncent tout de suite, nous éviterons des démarches pénibles.
(2) La question des chapeaux sur les roues fera l'objet d'un autre épisode cacopédique.

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